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Un mot d’ordre pour l’année

Michée 6.8 un mot d’ordre pour l’année !

LSG (version « classique » !)

« On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l’Eternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu. »

Ce verset de Michée, bien connu, pourrait être notre mot d’ordre pour cette nouvelle année !

Parmi les bons fruit qui témoignent de la présence de Dieu dans notre vie, de notre « marche avec Dieu » au quotidien, au moins trois sont mentionnés par Michée : la justice, la bienveillance (miséricorde) et l’humilité.

J’aimerais m’arrêter sur ces trois mots, en les précisant un peu d’après le texte d’origine et en nous appuyant sur des traductions plus récentes.

Michée 6.8

S21 On t’a fait connaître, homme, ce qui est bien et ce que l’Eternel demande de toi : c’est que tu mettes en pratique le droit, que tu aimes la bonté et que tu marches humblement avec ton Dieu.

TOB (littérale) On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur exige de toi : Rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité et t’appliquer à marcher avec ton Dieu.

BFC  On vous a enseigné la conduite juste que le Seigneur exige des hommes : il vous demande seulement de respecter les droits des autres, d’aimer agir avec bonté et de suivre avec soin le chemin que lui, votre Dieu, vous indique.

PDV (la meilleure ?) Le Seigneur te fait savoir ce qui est bien. Voici ce qu’il demande à tout être humain : faire ce qui est juste, aimer agir avec bonté et vivre avec son Dieu dans la simplicité.

Ce verset résume bien tout ce que nous avons déjà dit sur Michée (voir deux prédications précédentes), dans le contexte de cette prophétie du 8e siècle en Israël-Samarie/Juda-Jérusalem (culte des idoles, désordre dans la société, injustice sociale et violence, etc.).

  1. Pratiquer la justice, le droit, faire ce qui est juste, respecter le droit des autres…

Le mot hébreu (mishpat) employé par Michée désigne ce qui est jugé conforme au droit (loi de Moïse), ce qui est juste, ce que l’on peut juger/discerner comme bien ou mal.

Je ne suis pas sûr que nous autres, chrétiens évangéliques, soyons toujours de ceux qui pratiquent la justice (ce qui est bien), ou qui combattent l’injustice sous toutes ses formes (ce qui est mal).

Nous pouvons sans doute faire mieux pour être justes, pour « respecter le droit des autres » (BFC)

Et tout d’abord, qui sont les autres ?

Galates 6.10 : « …Pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous et en particulier envers nos proches dans la foi. »

Les autres, ce sont tous les êtres humains, et en particulier les chrétiens, nos frères et sœurs qui partagent notre foi…

Nous pouvons donc commencer par respecter le droit :

  1. a)De nos frères et sœurs pauvres, des plus faibles : l’apôtre Paul nous enseigne à suivre une règle d’égalité :

2 Corinthiens 8.13-15

13  « Il ne s’agit pas de vous faire tomber dans le besoin pour soulager les autres, mais c’est une question d’égalité.

14  En ce moment, vous êtes dans l’abondance et vous pouvez donc venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Puis, si vous êtes un jour dans le besoin et eux dans l’abondance, ils pourront vous venir en aide. C’est ainsi qu’il y aura égalité,

15  conformément à ce que l’Écriture déclare : « Celui qui en avait beaucoup ramassé n’en avait pas trop, et celui qui en avait peu ramassé n’en manquait pas. » (allusion : manne dans le désert).

Pas si simple, en pratique ! Comment faire ? Constituer une communauté ? en particulier pour les personnes seules, âgées ?

Et nos frères et sœurs « lointains », africains par exemple ? L’inégalité est criante…

Exemple du temps de Paul : les « Grecs » donnent aux Juifs chrétiens de Jérusalem, éprouvés lors d’une période difficile.

Devons-nous donc développer cet « échange » de nos biens, de nos talents, de nos services, via notre association Jas’Aussi, pour assurer un service « social » ? Qui peut s’en charger ? Que pouvons-nous faire, à notre échelle, avec sagesse ?

  1. b)Respecter le droit de nos frères et sœurs persécutés : montrer la solidarité au sein du Corps de Christ :

1 Corinthiens 12

26  Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. 27  Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part.

Là encore, que faisons-nous ? de façon pratique ?

La prière, au minimum :

Hébreux 13.3 : Souvenez-vous de ceux qui sont en prison, comme si vous étiez prisonniers avec eux. Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités, puisque vous avez, vous aussi, un corps exposé à la souffrance.

Et l’action : aide plus « pratique », par l’intermédiaire, par exemple, de l’association Portes Ouvertes (voir annonces), aide spirituelle et matérielle, prier et agir…

  1. c)Respecter le droit de ceux qui sont injustement traités, dans bien des domaines et circonstances, y compris parfois parmi nous, dans nos œuvres : le bénévolat peut devenir une sorte d’abus lorsque l’aide apportée n’est plus « bénévole », de bonne volonté ! Je n’ai rien contre le bénévolat, à condition que cela ne devienne pas un « travail déguisé », d’ailleurs sanctionné par la loi en France… Il faut savoir rester juste ! et recourir à l’activité salariée si nécessaire.

Pratiquer la justice s’applique donc en priorité parmi nous, dans notre Eglise, mais aussi, dans la mesure du possible, pour tout être humain…

Mais de nouveau, que faire, en pratique ? Ce n’est pas si simple, le monde reste marqué par la réalité du péché, du mal, comme chacun de nous (même si nous sommes « justifiés » par la foi en Jésus).

Et les injustices sont nombreuses, innombrables, constantes ! A cause des conditions politiques (corruption, conflits), climatiques (catastrophes), sociales (injustices flagrantes), des maladies, etc.

Tout cela engendre le trafic d’êtres humains (enfants, femmes), l’errance des migrants déracinés par la guerre, les troubles dans la société, les difficultés des « faibles »… Nous sommes très inégaux devant l’adversité, malgré nos « meilleurs vœux »…

Il nous faut donc combattre l’injustice (ce qui revient à faire ce qui est juste), et donc tendre vers la justice, chercher à la mettre en pratique, autant que possible, et sans aucun doute nous concentrer sur ce que nous sommes capables de faire avec efficacité, parmi nous comme en dehors…

Dans l’Eglise : partage ? service ? et en dehors : alphabétisation (ce que nous faisons déjà), et quoi d’autre ? défendre une cause (racisme, antisémitisme, etc.) ?

Quel combat mener ? A réfléchir ! Par exemple lors de nos débats sur divers thèmes dans l’Eglise.

  1. Ensuite Il s’agit  non seulement d’agir avec justice, mais aussi et surtout avec bonté, avec bienveillance, avec amour (‘hesed).

Michée dit précisément « d’aimer agir avec bonté » ! Ou plus exactement, car les deux termes sont liés (et) : de « pratiquer ce qui est juste et l’amour de la bonté/bienveillance ».

La justice ne va pas sans l’amour. Si nous sommes seulement « justes », nous risquons de devenir insupportables. Et si nous justifions tout au nom de l’amour, au point d’en oublier ce qui est juste aux yeux de Dieu et des hommes, nous devenons aussi insupportables, car nous risquons de devenir injustes !

Il faut donc pouvoir être justes, mais à la condition que cette justice soit fondée sur l’amour, exactement comme la justice de Dieu vient en réalité de son amour : Dieu est juste parce qu’il nous aime et qu’il ne tolère pas le mal, il « hait » le mal (voir Proverbes 6.16-19, par exemple), dont il n’est pas l’auteur, car il sait que cela est mauvais pour nous.

Dieu a su rester juste tout en manifestant son amour, au point de se donner lui-même, en Jésus, pour nous rendre justes, gratuitement : c’est le sens le plus courant du mot « juste » ou « justice » dans le Nouveau Testament, la justice de Dieu reçue par la foi en Jésus, et non par obéissance à la Loi, une justice de Dieu qui nous justifie.

De la même façon, il nous faut apprendre nous aussi à dépasser ce qui est juste (sans le nier) pour manifester l’amour.

C’est le sens du pardon (donner au-delà), par exemple.

Il s’agit tout simplement d’aimer son prochain comme soi-même, comme l’enseigne  Jésus :

Matthieu 7.12  « Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous : c’est là ce qu’enseignent les livres de la loi de Moïse et des Prophètes. »

Très beau et bon vœu en ce début d’année !

Jésus donne aussi un certain nombre de conseils très pratiques : respecter le sabbat, c’est bien, c’est juste, mais faire du bien le jour du sabbat, même si cela revient à faire une sorte de « travail » pour cela, c’est mieux !

Marcher avec quelqu’un qui nous demande de faire 1 km avec lui (pour l’aider, lui tenir compagnie, etc.), c’est bien, mais faire 1 km de plus, c’est mieux !

Verser l’offrande règlementaire au Temple de Jérusalem, c’est bien, mais donner de son nécessaire et non pas seulement de son superflu, c’est mieux !

Ce sont des actes de bonté… Il y a mille et une manière de mettre en pratique cet « ordre » d’aimer notre prochain !

Rappel de l’apôtre Paul : Rechercher l’amour (1 Corinthiens 13-14.1). On peut faire le lien ici avec le texte de Michée : ce que Dieu demande = ce que Dieu recherche en toi… Ce que Dieu attend de toi, ce qu’il recherche, c’est l’amour ! Et cet amour, tu ne le trouveras véritablement qu’en Dieu, qui est amour (1 Jean).

Ce n’est que par amour que tu seras capable de mettre en pratique une véritable justice, et donc pour cette raison, tu peux cultiver cet amour de la bienveillance, de la miséricorde (hesed), un amour qui te prend aux tripes, qui vient du plus profond de toi-même, du cœur (sens de « miséricorde)… Ce n’est pas « naturel », d’où la nécessité de « rechercher » cet amour, qui ne se trouve que dans la communion avec le Seigneur…

  1. Michée nous invite enfin à adopter une bonne attitude, qui se traduit par l’humilité (nous l’avons déjà évoquée il y a deux semaines), parce que Jésus lui-même l’a vécue et montrée en exemple : lui le grand roi, le Seigneur, le Fils éternel, a eu pour première demeure une étable, dans un petit village insignifiant. Bel exemple ! Il s’est abaissé jusqu’au point de laver les pieds de ses disciples, et même jusqu’à la mort sur une croix, toujours par amour.

Dans le texte de Michée, le mot hébreu n’est pas facile à traduire, il n’est utilisé que par Michée (dans toute la Bible), on peut le traduire aussi par « simplicité » ou « modestie », mais on trouve un mot bâti sur la même racine, lui aussi utilisé une seule fois, dans Proverbes 11.2, qui donne un éclairage intéressant :

« Avec l’orgueil (présomption, insolence) vient le mépris (déshonneur, disgrâce)
Avec l’humilité (modestie, simplicité) vient la sagesse ».

L’humilité est un signe authentique de sagesse, et d’une certaine manière, elle suppose la foi, car on ne peut être humble qu’en comptant entièrement sur Dieu, en lui donnant entièrement « gloire », car lui seul mérite d’être reconnu comme « grand ».

C’est pourquoi l’apôtre Paul encourage les Philippiens (et nous tous) à suivre l’exemple du Seigneur :

Philippiens 2

3  Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir inutile de briller, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. 4  Que personne ne recherche son propre intérêt, mais que chacun de vous pense à celui des autres.

5  Comportez-vous entre vous comme on le fait quand on connaît Jésus-Christ : 6  Il possédait depuis toujours la condition divine, mais il n’a pas voulu demeurer de force l’égal de Dieu.

7  Au contraire, il a de lui-même renoncé à tout ce qu’il avait et il a pris la condition de serviteur. Il est devenu homme parmi les hommes, il a été reconnu comme homme ; 8  il a choisi de vivre dans l’humilité et s’est montré obéissant jusqu’à la mort, la mort sur une croix.

9  C’est pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place et lui a donné le nom supérieur à tout autre nom. 10  Il a voulu que, pour honorer le nom de Jésus, tous les êtres, dans les cieux, sur la terre et sous la terre, se mettent à genoux, 11  et que tous proclament, à la gloire de Dieu le Père : « Jésus-Christ est le Seigneur ! »

Michée ajoute que l’humilité, à la laquelle on peut associer, il me semble, la justice et la bonté, est la marque de ceux qui « marchent avec Dieu », ceux qui vivent avec Dieu au quotidien, en manifestant leur foi et leur amour, en étant témoins de Dieu, de sa grâce, de son amour manifesté en Jésus, à travers leurs paroles et leurs actes…

Manifester l’amour, cela reste pour nous le plus grand des défis, en lien avec la justice et l’humilité.

C’est sans doute pour cela qu’une organisation chrétienne a choisi comme nom (au départ) le « Défi Michée » (Micah Challenge ; aujourd’hui : Michée France, ou Stop Pauvreté, en Suisse, environ 800 membres dans 90 pays), avec comme mot d’ordre d’encourager les chrétiens évangéliques à agir pour la justice sociale dans le monde, afin de diminuer l’extrême pauvreté (cf http://michee-france.org/), en s’appuyant sur ce verset de Michée 6.8, que je préfère lire dans cette version plus « dynamique » (PDV) :

« Le Seigneur te fait savoir ce qui est bien. Voici ce qu’il demande à tout être humain : faire ce qui est juste, aimer agir avec bonté et vivre avec son Dieu dans la simplicité. »

Ce « mot d’ordre » pour cette année 2020 est-il une utopie ?  C’est simplement un objectif à atteindre, par grâce…

Sur son site Internet, cette organisation (Michée France) a bien sûr affiché ses vœux pour l’année 2020, et je crois que nous pouvons recevoir favorablement ces bons vœux, pour mieux les mettre en pratique !

Qu’en cette année 2020 :

La grâce de Dieu motive nos actes de justice,
L’amour de Christ nous presse à aimer notre prochain,
La foi en Dieu se manifeste par des œuvres de bonté,
L’assurance du salut nous pousse à chercher les richesses célestes,
La joie du Seigneur nous conduise à semer l’espoir,
La douceur de l’Esprit nous rende sensible à la souffrance,
La générosité de Dieu entraîne notre libéralité envers les plus pauvres,
La lumière de nos bonnes œuvres se propage
et qu’en toutes choses, Dieu soit glorifié !